Après un début de saison pas totalement convainquant, Carlos Alcaraz a retrouvé des couleurs sur une surface qui lui sied si bien : retour sur son premier titre en terres monégasques.
ATP : Monte-Carlos Alcaraz
L’Espagnol a remporté ce dimanche son premier titre sur le Rocher.

Prince de Monte-Carlo
Par son palmarès déjà bien garni, mais aussi son sourire, son aisance et sa joie de vivre on oublierait presque que Carlos Alcaraz n’a que 21 ans ! Avec un tel postulat, il semble donc plus facile de comprendre comment il continue d’accumuler un nombre toujours impressionnant de records. Pour sa deuxième participation seulement au tournoi de Monte-Carlo, l’Espagnol a soulevé un trophée qui manquait encore à sa collection, au terme d’une semaine qu’il a su construire de manière épatante. "Je suis très heureux de gagner ici pour la première fois. Ça a été une semaine très difficile, avec plusieurs situations compliquées à gérer et je suis fier de la manière dont je l’ai fait", a-t-il déclaré après avoir reçu sa récompense des mains du Prince Albert II de Monaco.

En parlant de situations compliquées, il fait certainement référence aux rencontres contre Francisco Cerundolo (premier tour), Arthur Fils (quart de finale) et Lorenzo Musetti (finale) dans lesquelles il a dû remonter un set de retard pour s’imposer. Mais elles ont finalement fini par ressembler à des conditions idéales pour préparer une finale face à un Italien acclamé par le public. Pour sa première finale à ce niveau de compétition depuis son succès à Indian Wells en mars 2024, le Murcien a su inverser la tendance, trouver les ressources et utiliser son expérience à bon escient, en sauvant notamment l’intégralité des opportunités de break de son adversaire dans la deuxième manche (4/4). "Ça faisait longtemps, j’ai dû me montrer patient et croire que ce moment reviendrait", a-t-il encore ajouté ému, après ce succès 3/6, 6/1, 6/0.
Avec ce sixième titre en Masters 1000 – après Miami 2022, Madrid 2022 et 2023, Indian Wells 2023 et 2024 – il ajoute son nom aux côtés des autres Espagnols titrés lors du tournoi de la Principauté, dont son coach Juan Carlos Ferrero en 2003 – l’année de naissance de son protégé – et Rafael Nadal (11 fois). "J’espère gagner le tournoi plus d’une fois. Mais quand je pense aux 11 titres (de Nadal), ça me semble vraiment impossible, a-t-il statué dans un sourire. J’ai parlé avec mon équipe à plusieurs reprises de ce qu’a fait Rafa sur terre : gagner le même tournoi onze fois, ou quatorze pour Roland-Garros, c’est l’une des choses les plus incroyables jamais réalisées, pas seulement en tennis, mais tous sports confondus". Mais si lui ne semble pas prêt à se comparer à "Rafa", nous, on peut le faire : à 21 ans et 337 jours, il est devenu le plus jeune joueur à remporter le tournoi depuis Rafael Nadal – qui avait 21 ans et 321 jours en 2008 ! Alors, même si tout le monde a conscience de l’inaccessibilité des exploits de Nadal, le retour sur terre de "Carlitos" semble vraiment prometteur.
Prince d’ocre
Après un début d’année compliquée, Carlos Alcaraz semble avoir retrouvé le sourire et le plaisir de fouler le court, sur une surface qui lui est chère. Après un échec en demi-finales d’Indian Wells – contre le futur champion, Jack Draper – et une élimination précoce à Miami – dès son entrée en lice, face à David Goffin – le voici de nouveau sur le chemin du succès. "Ça a été un mois très compliqué pour moi, a-t-il analysé. Alors venir ici et constater que le travail paie enfin, ça me rend très heureux".
Après sa victoire contre Cerundolo mercredi dernier (3/6, 6/0, 6/1) – sa 100e rencontre disputée sur ocre – il a signé "I missed clay" (la terre m’avait manquée) sur la caméra et avoué en conférence de presse : "J’ai dit précédemment que la terre était ma deuxième surface favorite, après les cours sur dur, mais je n’en suis plus aussi sûr… Je dirais que c’est désormais ma préférée, ça m’a manqué ! J’aime vraiment ce moment de la saison et puis j’ai grandi en jouant sur la terre battue". Un retour aux sources gagnant, donc, pour le nouveau n°2 mondial qui avait fait ses grands débuts sur le circuit sur sa surface favorite : c’était en 2020, au tournoi de Rio. En battant Albert Ramos-Vinolas à 16 ans, il venait de remporter son tout premier match dans le tableau principal d’un tournoi. Depuis, le petit Carlos Alcaraz – qui est toujours très jeune ! – a fait un sacré bout de chemin, remportant neuf de ses dix-huit titres sur ocre (trois de plus que sur dur, six de plus que sur gazon), dont trois Masters 1000 et le tournoi de Roland-Garros.
Mais, même si celui qui a disputé ses trois dernières finales sur ocre (Roland-Garros 2024, les Jeux olympiques de Paris 2024 et Monte-Carlo 2025) est parfaitement en paix sur sa relation avec la terre battue, il aborde désormais chaque compétition avec un état d’esprit bien différent. "S’il y a une chose que j’ai apprise au cours de ce dernier mois, c’est que je dois davantage penser à moi. Je dois juste me concentrer sur ça, sur mes proches, mon équipe et ma famille, a-t-il expliqué. Peu importe ce qu’il se passe sur le court – que je gagne ou que je perde – je dois pouvoir le quitter en étant heureux. Je suis fier de tout ce que j’ai accompli. Lors des prochains mois de cette saison sur terre, je vais juste tenter de continuer de cette manière. Je ne pense plus au classement, je continue simplement de faire ce que j’aime faire, ce qui me rend heureux". Une nouvelle façon d’entrer sur le court qui lui réussit plutôt bien : place à présent au tournoi de Barcelone, qu'il a déjà remporté à deux reprises.
Dans la cour des grands
Le nom de Lorenzo Musetti est loin d’être nouveau sur le devant de la scène internationale. Mais l’Italien n’avait encore jamais été aussi impressionnant que lors de ce tournoi de Monte-Carlo. S’il n’avait pas encore atteint les demi-finales d’un Masters 1000, le désormais 11e joueur mondial (son meilleur classement) a surpris lors de cette semaine par son talent, son agressivité et son abnégation. Il a notamment particulièrement bien combiné ces trois qualités lors de son quart de finale, contre Stefanos Tsitsipas, en sauvant 14 des 17 balles de break de son adversaire, qu’il n’avait jamais battu jusqu’ici. Cette semaine, le droitier au revers à une main a éliminé deux joueurs du Top 10 (Tsitsipas et De Minaur), un compatriote (Matteo Berrettini) et un autre prétendant au titre (Jiri Lehecka) de manière brillante et en remontant à quatre reprises un handicap d’un set perdu.
S’il n’a pas tenu physiquement lors de cette finale, incapable de se déplacer pendant la troisième manche, il a réalisé une semaine aussi émouvante qu’exceptionnelle. "Je sentais vraiment bien la balle aujourd’hui. J’avais une idée très claire de ce que je devais faire. Mais physiquement, je n’ai pas tenu. Les problèmes physiques, la fatigue et le stress accumulé ces derniers jours m’ont rattrapé. Je n’ai pas pu finir le match, enfin, je n’ai pas pu me battre jusqu’au bout", a-t-il détaillé lors de la conférence de presse d’après-match. Singulièrement brillant sur sa surface de cœur, celui qui n’a plus soulevé le moindre trophée depuis 2022 est plein d’espoir et d’ambitions pour cette saison sur terre qui commence déjà de la plus belle des manières. Déjà tombeur de Novak Djokovic sur le Rocher en 2023 et champion à Hambourg, ce n’est pas une surprise de le voir évoluer à ce niveau-là.
"Je garderais beaucoup de positif de cette semaine, j’ai atteint l’un de mes objectifs. Je me concentre déjà sur les prochains, j’essaie d’être encore plus ambitieux pour rester motivé parce que je ne suis pas encore dans le Top 10. C’est certainement mon but principal pour cette saison à présent. Mais je suis assez proche pour continuer de me battre, continuer de rêver", a conclu le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Paris 2024.
