Joao Fonseca : "Je veux jouer contre Novak Djokovic !"

Vous n'avez pas encore vu jouer ce jeune de 18 ans ? Mais, où étiez-vous ces derniers mois ?

Né et élevé à Rio, le Brésilien possède un répertoire de coups époustouflants. Débordant d'énergie, de puissance et de mouvements très vifs, il ne se laisse pas dominer : il sprinte, il virevolte et il fonce. Où qu'il joue, Fonseca captive l'audience tant il est fascinant à regarder.

Mais revenons en arrière, à l'occasion de l'édition 2022 de Roland-Garros Junior Series by Renault à Rio, où un prodige local s'apprêtait à donner le coup d'envoi de son parcours tennistique.

"Ça s'est déroulé dans mon club, il y avait beaucoup de pression. C'était la première fois que je jouais devant autant de public, se souvient Joao Fonseca, qui a ainsi obtenu une wild-card pour le tournoi Roland-Garros Junior 2022. Ce tournoi a été extrêmement important pour moi et pour mon développement. Lorsque j'ai gagné et que j'ai pu jouer à Roland-Garros (juniors), c'était un rêve devenu réalité. C'était vraiment très spécial de pouvoir disputer un Grand Chelem. J'ai gagné quelques matchs et perdu contre le futur vainqueur (Gabriel) Debru, mais c'était super. C'était le début de Joao, le début de ma conviction que je pouvais accomplir de grandes choses."

L'adolescent, qui s'est confié en exclusivité à Roland-Garros.com, a savouré chaque instant de sa participation aux tournois juniors de 2022 et 2023 à Paris.

"C'était incroyable, même la terre battue est différente. On n'a pas ce type-là à Rio, c'est plutôt présent dans le sud du Brésil où elle est beaucoup plus fine, a-t-il encore ajouté. Je me souviens être allé remplir une petite tasse de terre avec mon entraîneur. Depuis, il l'a gardée sur l'étagère de son bureau au club."

"C'était la première fois que je voyais des joueurs de tennis exceptionnels dans le salon des joueurs ou sur les courts d'entraînement voisins. J'ai vu (Novak) Djokovic, j'ai vu (Andrey) Rublev, c'était une expérience exceptionnelle. J'ai hâte d'être là cette année pour la première fois chez les pros."

Depuis son enfance près du Country Club de Rio de Janeiro à sa participation à Roland-Garros, le parcours du jeune homme de 18 ans ressemble à un conte de fées. Mais Fonseca ne semble pas du tout intimidé : c'est un adolescent imperturbable, quelle que soit l'occasion, ou l'étape de sa carrière qu'il s'apprête à franchir. Le 65e joueur mondial est sur le point de faire son entrée dans le tableau principal du Majeur parisien pour la première fois et retrouver un grand nom de sa discipline - une aubaine d'après lui !

"Quand on commence ces grands tournois, les Grands Chelems, les 'qualifs', je dis toujours à mon entraîneur : "Si je vais dans le tableau principal, je veux jouer contre Djokovic", car c'est probablement l'une des dernières fois que l'occasion va se présenter. J'espère pouvoir l'affronter, a-t-il avoué. J'adorerais le défier au premier ou au deuxième tour. J'essaierais de jouer mon meilleur tennis, le résultat n'aura alors aucune importance, mais je prendrais juste du plaisir."

"J'aime jouer contre les têtes de série, j'aime le défi et je joue sans pression. J'aime aussi échanger et interagir avec le public, c'est une expérience que je souhaite vivre ici (à Paris). Certains joueurs voudront d'abord jouer les adversaires les plus faciles, mais moi, je préfère jouer contre les plus emblématiques."

Pour sa deuxième saison complète seulement en tant que professionnel, Fonseca compte déjà parmi ses temps forts un triomphe à l'US Open Juniors (2023), une première victoire sur le circuit ATP à domicile à l'Open de Rio - grâce à une victoire 6/0, 6/4 contre Arthur Fils, en route vers les quarts de finale - et un titre lors de la Finale NextGen pour clore parfaitement l'exercice 2024.

Ensuite, il a fait parler de lui dans le monde entier en se qualifiant pour l'Open d'Australie et en éliminant Andrey Rublev en trois sets. Depuis, le Brésilien a déjà remporté son premier titre ATP à Buenos Aires en février dernier.

Comment a-t-il fait ? Simplement en étant Joao.

"Cela peut paraître un peu prétentieux, mais je suis très mature pour mon âge. Mon entraîneur et mes parents disent que je comprends les choses et que j'apprends très vite, a-t-il ajouté pour justifier son ascension fulgurante. J'ai par exemple très vite appris à passer des juniors aux pros : il faut beaucoup plus de régularité, beaucoup plus de travail physique et encore plus d'efforts. Quand j'ai décidé de devenir pro et de ne pas aller à l'université (après l'Open de Rio 2024), je savais que ce serait mon métier pendant 20 ans. Je dois être responsable et gagner ma vie. Cette maturité est une grande différence pour moi et elle explique pourquoi le succès est venu plus vite."

Ce qui est particulièrement frappant en le regardant en compétition, c'est la façon dont il captive le public avec un jeu audacieux et des coups époustouflants. Les exclamations, les chants et l'ambiance festive de ses fans dans les tribunes se répercutent aussi sur le court.

"Ils me donnent de l'énergie. Le public m'apprécie peut-être parce que je joue de manière assez agressive et que je vise les coups gagnants, mais on ne peut pas se contenter de laisser passer la balle sur les points importants. J'ai du courage dans ces moments-là, je joue ces coups à l'instinct. Je n'ai peur de rien."

Le tennis masculin brésilien n'avait plus connu un tel engouement depuis Gustavo Kuerten, ancien numéro un mondial et triple vainqueur de Roland-Garros (1997, 2000, 2001). Il fait partie, avec un certain Roger Federer, des idoles du jeune prodige.

"Sa tenue était emblématique. Le look jaune et bleu était vraiment réussi, a jugé celui qui a rencontré "Guga" pour la première fois lors du premier tour des qualifications de la Coupe Davis en février dernier. On me dit souvent : "Tu es le prochain "Guga", tu vas gagner des titres à Roland-Garros". C'est formidable, mais c'est aussi une pression supplémentaire dont je n'ai pas besoin. Je veux qu'on me laisse être moi-même pour construire ma propre histoire. Ce que "Guga" a accompli est incroyable et j'espère pouvoir faire la moitié de ce qu'il a fait."

Lorsque Fonseca s'est confié à Roland-Garros.com, il venait de terminer sa première pause de la saison, après un titre à Buenos Aires et un troisième tour prometteur lors du Masters 1000 de Miami. Un rythme effréné, que son équipe et lui tentent encore de gérer.

"J'ai débuté lors des Finales Next Gen. Nous avons joué beaucoup de matchs cette année, c'était le moment de se reposer un peu. Quand on réussit à faire de grandes choses, on passe directement à un autre tournoi sans avoir le temps d'y réfléchir, a poursuivi le 65e joueur mondial. Pendant cette pause, j'ai pris le temps de réaliser un peu plus ce que j'avais accompli, ce que cela signifiait pour mon pays, pour moi et de penser aux grandes choses que je pouvais encore réaliser. C'était un moment de réflexion très agréable, mais je veux continuer à travailler encore et encore pour aller encore plus loin."

Alors que les moments marquants se succèdent, l'ambition de devenir un joueur majeur du circuit le démange.

"Je progresse rapidement. Désormais, atteindre le troisième tour d'un Grand Chelem est dans la liste des mes objectifs. Peut-être à Roland-Garros ? Je joue bien sur terre battue, je suis né sur cette surface et j'ai grandi dessus alors je suis confiant. À l'avenir, j'aurais pour but de devenir n°1, c'est mon rêve. Mais je sais que le chemin est long. Je dois travailler encore plus dur et progresser par étape. J'ai besoin de vivre davantage d'expériences, comme celle-ci. Roland-Garros sera ma première qualification directe pour un Grand Chelem. Tout cela m'aide à me développer et à évoluer, tout en fournissant le travail nécessaire. Je pense que c'est ainsi que j'atteindrai mes objectifs les plus élevés."